La transformation digitale est un formidable levier de création de valeur pour les entreprises qui savent adapter leur philosophie et leur modèle organisationnel. Les acteurs du private equity sont de plus en plus sensibles au potentiel digital des entreprises, et ont un rôle à jouer dans l’accompagnement de cette transformation : telles sont les grandes lignes de la table ronde « Transformation digitale de l’entreprise et levier de création de valeur » organisée dans le cadre de la Conférence Annuelle des Investisseurs pour la Croissance, qui a réuni le jeudi 19 mai les acteurs du capital-investissement français au Pavillon Gabriel. Citystar vous en restitue le détail.
Leviers de création de valeur issus de la transformation digitale
Selon les participants à la table ronde, la transformation digitale de l’économie peut être créatrice de revenus incrémentaux, d’abord car elle continue de créer des nouveaux modes de consommation, qui mènent à l’apparition de nouveaux services et d’autres modes de pricing, d’achat, et d’échanges. Et elle est par ailleurs un formidable levier de commercialisation : internet est un lieu de commercialisation complexe permettant de toucher des géographies et des segments de clients jusqu’à présent inexplorés.
La digitalisation entraîne aussi des changements de modèles industriels, de modes de création, et de modes de travail qui ont pour impact des modifications importantes des structures de coûts, et permettent de jouer sur le niveau des coûts.
Dans ce contexte, les entreprises françaises small et mid cap sont unanimes ou presque pour reconnaître l’importance du digital. Certaines continuent à craindre ses différents impacts, mais la plupart en perçoivent les opportunités. En revanche, c’est sur la question du « comment » que ça peut bloquer. Et en particulier sur les trois questions cl : Comment transformer l’organisation – et notamment sur le plan technologique ? Comment développer l’actif autour de la donnée (complexité fiscale, légale) ? Quelle sécurité mettre en place (la question se posant tant au niveau de la data privacy qu’au niveau des serveurs à installer) ?
Selon Ernst & Young, l’expérience client doit être le point clé sur lequel se concentrer. Ensuite, c’est par la montée en compétence des équipes (et en particulier du Comex) et par une connexion intelligente à l’écosystème de startup innovantes que l’entreprise réussira sa transformation.
Un élément clé de la digitalisation étant le passage d’une vision top down, encore bien établie dans les entreprises, à une vision bottom up. Et contrairement aux idées reçues, le bottom up ne s’applique pas qu’aux startups : les entreprises de grande taille peuvent aussi avoir une hiérarchie écrasée, comme le montre les exemples d’ex startups qui ont maintenant beaucoup grandi mais ont réussi à maintenir leur modèle organisationnel.
Comment faire, concrêtement ?
Mais alors, comment faire concrètement ? S’entourer de digital native ; passer en mode projet pour mixer les équipes ; faire intervenir des freelance ou sociétés spécialisées extérieures ; avoir dans les boards quelqu’un d’affuté sur le digital : autant d’idées qui, si elles proviennent d’une vision proactive de la transformation digitale, auront des impacts importants.
L’entreprise doit également trouver le « bon budget » à allouer au digital, et le sanctuariser. Ce « bon budget » n’est pas forcément démesuré (même si on a vu que le digital était vecteur de croissances exponentielles, elles-mêmes gourmandes en capitaux) : car la clé réside dans l’identification des projets viables. Pour cela, il s’agit de mettre en place des process permettant de développer et d’évaluer les projets à leurs différents stades de vie, de tester les modèles avant d’investir massivement dedans. Une stratégie de plus en plus utilisée consiste à investir dans les « bons affichages » (écrans, applications : des investissements faciles et peu couteux), à vérifier que le modèle est viable (test MVP : Minimum Viable Product) et à n’investir qu’ensuite dans le back office. Pour que cette stratégie réussisse, la gouvernance est clé : car il faut tester régulièrement les modèles, et « accepter de jeter ».
Rôle du capital investissement dans la transformation digitale des entreprises
Les investisseurs en capital peuvent favoriser la mise en place de cette gouvernance, de même que l’ouverture de l’entreprise à des acteurs extérieurs, freelance et indépendants, qui ont un rôle clé dans l’économie de la transformation et agissent comme éléments pollenisateurs.
En amont de l’investissement, un nombre grandissant de fonds réalisent des due diligence digitales, pour répondre à deux questions : (1) y’a-t-il oui ou non un risque de disruption ? L’entreprise peut-elle disparaitre suite à l’apparition d’un nouvel entrant ou d’une nouvelle technologie ? (2) Une fois identifiées les opportunités business et évalué les risques de disruption : quelle est la capacité de l’entreprise à mettre en place les changements technologiques, à évoluer ? Quel est l’état d’esprit de l’équipe dirigeante ?
Le rôle du fonds sera ensuite d’arriver à accompagner l’entreprise pour à la fois protéger le modèle traditionnel qui a fonctionné, mais aussi faciliter l’arrivée de nouvelles idées : via la mise en place de nouveaux critères d’investissement, la mise en relation avec un écosystème d’entreprises innovantes,…les leviers peuvent être multiples.
Avec à la clé de beaux succès : la France est aux cotés des Etats Unis et Israël dans le trio de tête des pays à la pointe de la technologie, et le pays d’où de multiples innovations majeures ont émergé ces dernières années.
Retrouvez l’intégralité de la live TV de l’AFIC ici : https://www.youtube.com/watch?v=6kRE5rGIT6k&feature=youtu.be